Face à l’accélération du changement climatique, la viticulture est en première ligne. Températures extrêmes, sécheresses prolongées, épisodes de grêle ou de gel, pression accrue des maladies… Les aléas climatiques menacent la pérennité des vignobles, en Bourgogne comme ailleurs.

Dans ce contexte, un acteur longtemps négligé revient au cœur des réflexions : l’arbre. Loin d’être un simple élément décoratif, il devient un outil d’adaptation stratégique, capable d’atténuer les effets du climat, de réguler les équilibres naturels, et de renforcer la résilience des systèmes agricoles.


L’arbre comme régulateur thermique

L’une des fonctions les plus immédiates des arbres est leur capacité à créer de l’ombrage. Cela peut paraître simple, mais dans un contexte de canicules répétées, c’est essentiel.

  • Les arbres réduisent la température de surface du sol et des cultures.
  • Ils atténuent les pics de chaleur sur les jeunes vignes ou les plants nouvellement replantés.
  • Leur ombrage protège aussi les grappes contre les coups de soleil ou le stress thermique.

En Bourgogne, certaines exploitations expérimentent la plantation d’arbres en bordure de vigne, voire entre les rangs les plus larges. Objectif : créer des microclimats locaux, plus frais, mieux équilibrés.


Lutte contre l’érosion et gestion de l’eau

Le changement climatique accentue les épisodes de pluie violente. Sur les coteaux viticoles, cela provoque un lessivage des sols, voire de véritables coulées de boue.

Les arbres apportent une réponse naturelle :

  • Leurs racines stabilisent les sols, même en forte pente.
  • Le feuillage ralentit la chute de l’eau, limitant les impacts directs au sol.
  • Le sol forestier améliore la capacité d’infiltration et de stockage de l’eau.

Planter des haies, des alignements d’arbres ou des bosquets contribue donc à mieux gérer l’eau, à la fois contre les excès et les pénuries.


Un outil pour la biodiversité… et la résilience

La crise climatique est aussi une crise écologique. En réintégrant les arbres dans les paysages viticoles, on rétablit des réseaux écologiques fonctionnels :

  • Insectes pollinisateurs : essentiels pour les cultures voisines.
  • Oiseaux et chauves-souris : grands consommateurs d’insectes ravageurs.
  • Champignons et bactéries du sol : liés aux racines des arbres, ils renforcent la vie souterraine.

Cette biodiversité, en retour, protège les vignes naturellement et limite la dépendance aux intrants.


L’arbre comme stockage de carbone

Les arbres jouent un rôle majeur dans la séquestration du carbone :

  • Un arbre adulte peut stocker entre 10 et 40 kg de CO₂ par an.
  • Les haies, vergers, bosquets et forêts plantés sur ou autour des vignobles participent à la neutralité carbone des exploitations.

De plus en plus de domaines souhaitent intégrer la reduction de l’empreinte carbone dans leur stratégie. La plantation d’arbres devient alors un levier concret, visible et mesurable.


Des exemples concrets en Bourgogne

Plusieurs initiatives illustrent l’intégration des arbres dans les projets d’adaptation climatique :

  • Des haies implantées pour protéger les jeunes vignes du vent et réguler la température.
  • Des arbres fruitiers plantés sur des anciennes parcelles viticoles, créant des zones tampons climatiques.
  • Des projets de vitiforesterie qui associent vigne, arbres à bois, arbres mellifères et haies multifonctionnelles.

Ces projets sont souvent portés par des viticulteurs engagés, des associations locales ou soutenus par des programmes agroenvironnementaux (MAEC, Plan Arbres…).


Planter des arbres, c’est aussi penser le long terme

Face au dérèglement climatique, de nombreuses réponses sont techniques ou temporaires (filets, irrigation, traitement). Planter un arbre, en revanche, s’inscrit dans le temps long.

  • Il grandit lentement, mais durablement.
  • Il apporte des bénéfices cumulés année après année.
  • Il structure le paysage pour les générations futures.

C’est donc un acte d’adaptation mais aussi de transmission, qui dit quelque chose de notre relation à la terre et à la nature.


Planter des arbres dans les paysages viticoles, une idée d’avenir ?

Planter des arbres dans les paysages viticoles n’est pas une mode ou un geste symbolique. C’est une réponse concrète, mesurable et puissante face aux défis climatiques. C’est aussi une manière de réconcilier agriculture et nature, de remettre du vivant là où la monoculture a trop souvent dominé.

La Bourgogne, terre d’excellence viticole, a aujourd’hui l’opportunité d’être aussi une terre d’excellence écologique, en montrant comment l’arbre peut devenir un allié stratégique de la vigne, pour construire un futur plus résilient, plus fertile, et plus vivant.