Toutes les activités agricoles dépendent du climat et des conditions météorologiques.

La viticulture ne fait pas exception et les changements actuels et futurs sont  susceptibles d’affecter la qualité des raisins et la production ultérieure de vin.

La qualité d’un vin dépend largement du climat d’une région, d’un terroir, voir du microclimat et de l’environnement d’une parcelle. La production de vin haut de gamme n’est réellement possible que dans des plages climatiques très étroites. Alors que des études ont indiqué que le changement climatique initial pourrait s’avérer bénéfique pour certaines régions viticoles, un changement climatique excessif pourrait être désastreux.

Une étude publiée en 2013 a prédit que d’ici 2050, les deux tiers des régions viticoles exploitées aujourd’hui pourraient ne plus avoir de climats adaptés aux raisins qu’elles cultivent actuellement

 

Les effets spécifiques à l'union européenne

En 2021, l’union européenne est toujours le leader mondial de la production viticole, produisant à elle seule plus de 147 milliards d’hectolitres de vin par an, soit près de la moitié du total dans le monde.

Les effets du changement climatique sur l’UE pourraient être assez importants. La perte du Gulf Stream refroidirait la région de Bordeaux et certaines parties de l’Espagne, forçant une replantation vers des raisins de climat plus frais. Dans le même temps, d’autres régions connaîtront une augmentation de leurs températures et une raréfaction de leurs resources en eau.

Aujourd’hui, l’Alsace connaît un raccourcissement de la saison végétative et un décalage des récoltes d’octobre à septembre. Dans la région du Chianti en Toscane, les raisins mûrissent beaucoup trop tôt, obligeant les viticulteurs à changer de variétés et parfois de méthodes. Encore plus grave, l’augmentation de la salinité de certaines nappes d’eau douce crée dans certaines régions, d’importants problèmes d’irrigation.

L'Amérique du nord

Les choses ne vont pas mieux aux États-Unis. En Californie, le réchauffement des températures et une réduction de la disponibilité en eau douce au cours du prochain demi-siècle pourraient entraîner la disparition d’une partie énorme de terres propices à la production de raisins, en particulier à Napa et à Santa Barbara. Les prévisions les plus pessimistes prévoient que d’ici 2100, les États-Unis pourraient perdre jusqu’à 81 % de leur superficie de vignes et la qualité.

S'adapter pour atténuer les impacts

Le vin est plus qu’un des plus grands plaisirs de la vie, c’est aussi un business. Ainsi, divers acteurs allant des gouvernements aux propriétaires de vignobles en passant par les climatologues travaillent pour répondre aux défis posés par le changement climatique.

Les effets du changement climatique se font déjà sentir dans certaines régions viticoles. Afin d’atténuer ces effets, il est nécessaire que l’industrie du vin investisse dans des stratégies et des pratiques qui permettront la production continue de vins de haute qualité à des rendements économiquement viables.

Aujourd’hui de nombreuses initiatives, comme par exemple, le programme LIFE, géré par la Commission européenne, contribue à la mise en œuvre et au développement d’une politique et d’une législation environnementale et climatique de l’UE en cofinançant des projets à valeur ajoutée européenne.

Un projet récemment parrainé par le programme LIFE a évalué la vulnérabilité climatique dans les régions viticoles de l’UE en se concentrant sur les techniques d’adaptation et d’atténuation pour différents vignobles représentatifs de la diversité climatique des régions viticoles européennes.

Les recommandations ont porté sur diverses techniques d’atténuation, notamment le déplacement des vignes vers des parcelles à plus haute altitude où les températures sont plus fraîches, la réduction de l’exposition au soleil en plantant sur des pentes orientées au nord, la plantation des vignes dans un sol peu profond pour réduire l’eau consommation, la mise en place d’une irrigation contrôlée, la modification des assemblages de raisins et des vendanges plus précoces.

Maintenir un cadre durable pour la production de vin

L’UE fournit un cadre de normes minimales pour la production de vin, permettant à chaque État membre d’adopter des normes plus strictes dans son système réglementaire national.

Au niveau de l’UE, il existe des zones viticoles désignées. Ces zones diffèrent en termes de climat et régulent la maturité requise des raisins à la vendange et les niveaux de chaptalisation autorisés. Les changements climatiques affecteront les endroits où différents cépages peuvent être cultivés. Des changements de réglementation sont donc nécessaires pour s’adapter à l’ajout et à la suppression de cépages dans des zones particulières. De plus, chaque État membre devra s’adapter afin de se conformer aux réglementations des classes de qualité et aux certifications nationales.

En Bourgogne par exemple, les vignerons cultivent le pinot noir comme cépage rouge. Si le pinot noir n’est plus optimal en Bourgogne, en vertu des lois en vigueur, les vignerons ne pourront pas faire évoluer leur vignoble vers des cépages rouges différents. Ainsi, soit les lois devront évoluer, soit la Bourgogne ne pourra plus produire et vendre de vin rouge.

De la même façon, les accords commerciaux internationaux en cours ou à venir, seront touchés. Les accords commerciaux utilisent certaines définitions et indicateurs pour caractériser le vin. Par exemple, les indications géographiques sont utilisées pour identifier le vin comme étant originaire d’un territoire, d’une région ou d’une localité où une qualité, une réputation ou une autre caractéristique donnée du vin est attribuée à son origine géographique. Les accords commerciaux s’efforcent également de détailler les pratiques de vinification acceptées, par ex. : techniques d’irrigation, l’utilisation de l’osmose inverse, l’ajout de sucre.

Les impacts du changement climatique et les méthodes d’accompagnement pour atténuer ces problèmes climatiques peuvent créer un besoin de réévaluer les termes commerciaux existants. C’est une affaire complexe,  la négociation d’accords commerciaux étant par nature, extrêmement complexe et difficile.  Il a fallu par exemple, 23 ans aux États-Unis et à l’UE pour se mettre d’accord sur les indications géographiques et les pratiques de vinification dans l’Accord États-Unis-UE sur le commerce du vin (2006).

En conclusion :  Si il sera nécessaire d’adapter les cadres réglementaires, les efforts de chacun sont non seulement importants mais indispensable et il apparait  aujourd’hui indispensable de prendre en compte les futurs changements dans la planification des exploitations viticoles de demain. Planter c’est aussi prévoir.