La Bourgogne, berceau de certains des plus grands vins du monde, est en pleine réflexion sur l’avenir de ses paysages agricoles. Si la vigne reste la reine incontestée, un phénomène discret mais révélateur gagne du terrain : dans certaines zones, des parcelles de vigne sont arrachées, et des arbres y sont plantés à la place.
Ce mouvement, à la croisée de l’écologie, de l’agronomie et de la gestion du territoire, soulève une question centrale : pourquoi planter des arbres là où, depuis des siècles, la vigne régnait en maître ?
Un contexte d’arrachages viticoles en hausse
Depuis plusieurs années, certaines parcelles viticoles sont abandonnées ou arrachées pour diverses raisons :
- Vignes trop anciennes, peu productives et coûteuses à entretenir,
- Baisse de la rentabilité sur certaines appellations peu valorisées,
- Pression foncière ou patrimoniale dans les zones périurbaines,
- Changement d’orientation professionnelle ou cessation d’activité.
Dans de nombreux cas, il ne s’agit pas d’un abandon de la viticulture dans son ensemble, mais d’un rééquilibrage du foncier ou d’une transition réfléchie vers d’autres usages du sol.
Planter des arbres : un choix d’avenir

Face à ces arrachages, une nouvelle option s’impose progressivement : planter des arbres à la place de la vigne. Ce choix repose sur plusieurs motivations convergentes.
Restaurer les équilibres écologiques

Les arbres jouent un rôle fondamental dans le bon fonctionnement des écosystèmes agricoles :
- Ils stabilisent les sols et limitent l’érosion, notamment sur les pentes,
- Ils abritent une biodiversité riche : oiseaux, insectes pollinisateurs, auxiliaires de culture,
- Ils améliorent la fertilité naturelle du sol grâce à la chute des feuilles et au développement racinaire profond.
Dans une région viticole aussi travaillée que la Bourgogne, les arbres permettent de réintroduire des éléments de paysage vivant là où la monoculture domine.
Faire face aux changements climatiques

Avec des températures de plus en plus élevées, des sécheresses prolongées et des épisodes de gel ou de grêle plus fréquents, les viticulteurs cherchent à diversifier leur système agricole pour le rendre plus résilient. Les arbres :
- Créent de l’ombrage et atténuent les pics de chaleur,
- Captent l’humidité et améliorent la circulation de l’eau,
- Servent de barrières naturelles au vent et à la grêle.
Planter des arbres devient alors une stratégie d’adaptation à moyen et long terme.
Une logique de reconversion ou de transition

La plantation d’arbres peut s’inscrire dans plusieurs types de projet :
- Reconversion agroforestière : remplacer la vigne par un verger, une haie fruitière ou un bois productif,
- Mise en jachère végétalisée avec valorisation paysagère (chênes, tilleuls, noyers…),
- Diversification d’exploitation : pour des productions complémentaires (miel, petits fruits, bois, trufficulture).
Ces choix ne sont pas systématiques, mais ils montrent que l’arrachage ne signifie pas toujours abandon, et que la terre peut continuer à produire, autrement.
Une réponse à la demande sociétale
Le public, qu’il soit local ou visiteur, est de plus en plus sensible à la diversité du paysage, à la biodiversité visible et à l’engagement écologique des exploitations.
Les arbres plantés en remplacement de vignes vieillissantes sont parfois intégrés à des circuits de promenade, des sentiers viticoles ou des projets pédagogiques. Ils contribuent à un paysage plus harmonieux et vivant, apprécié aussi bien des riverains que des touristes.
Une démarche accompagnée et soutenue
De nombreuses structures accompagnent ces projets de plantation :
- Chambres d’agriculture, CAUE, syndicats viticoles,
- Programmes d’aides agroenvironnementales (MAEC),
- Dispositifs locaux de financement participatif ou de mécénat paysager.
Les porteurs de projets peuvent bénéficier de conseils sur :
- Le choix des essences,
- La gestion du sol après arrachage,
- Le design du paysage ou de la haie (brise-vent, haie nourricière, bois d’œuvre…).
Conclusion : planter des arbres, c’est redessiner la Bourgogne de demain
La plantation d’arbres après l’arrachage de vigne n’est pas un phénomène de rupture, mais un signal de transformation douce et réfléchie. Elle témoigne de la capacité des acteurs du monde viticole à repenser leur lien à la terre, au paysage et au vivant.
Dans une Bourgogne qui reste profondément attachée à la vigne, l’arbre retrouve peu à peu sa place : discret compagnon des parcelles, régulateur naturel, symbole d’un avenir agricole plus diversifié.
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