La Bourgogne, territoire emblématique du vin français, est mondialement reconnue pour ses climats viticoles classés à l’UNESCO, ses villages pittoresques et ses grands crus. Pourtant, derrière cette image d’Épinal, une nouvelle Bourgogne émerge, portée par des enjeux contemporains : changement climatique, perte de biodiversité, attentes sociétales et évolution des pratiques agricoles.
Dans ce contexte, une vision d’avenir s’impose : une Bourgogne où la vigne cohabite avec l’arbre, où le vignoble retrouve une dimension vivante, variée et résiliente. Tour d’horizon de cette mutation silencieuse mais profonde.
Une viticulture sous pression, mais pleine de ressources
Le vignoble bourguignon est confronté à plusieurs défis :
- Stress hydrique et chaleur excessive : les jeunes vignes souffrent davantage, les maturités sont accélérées.
- Érosion des sols : accentuée par la monoculture et l’absence de couvert végétal.
- Risque de standardisation du paysage : les haies et arbres isolés ont disparu dans de nombreuses zones.
- Baisse de la biodiversité fonctionnelle : avec un impact sur les auxiliaires naturels de culture.
Mais cette pression devient aussi un levier d’innovation. De plus en plus de vignerons prennent conscience que la vigne seule ne suffit plus à assurer l’équilibre des terroirs.
L’arbre revient dans le paysage viticole
Des projets de plantation d’arbres émergent un peu partout en Bourgogne : dans les parcelles arrachées, en bordure de vignoble, ou même au cœur des rangs.
Les rôles de l’arbre sont multiples :
- Régulateur thermique : il crée de l’ombrage, réduit les températures extrêmes.
- Structure vivante du sol : son système racinaire favorise la porosité et l’infiltration de l’eau.
- Abri pour la biodiversité : oiseaux, chauves-souris, insectes pollinisateurs et auxiliaires y trouvent refuge.
- Atout paysager : il rompt la monotonie des rangs et redonne du volume au paysage rural.
Ce retour de l’arbre est à la fois agronomique, esthétique et écologique.
Une nouvelle esthétique du terroir
La Bourgogne a toujours été façonnée par l’homme : clos, murets, cabottes, rangs serrés. Aujourd’hui, une nouvelle esthétique apparaît :
- Des haies champêtres en bordure des vignes,
- Des arbres isolés plantés comme repères ou pour l’ombre,
- Des vergers de plein vent là où la vigne a été arrachée,
- Des alignements d’arbres fruitiers ou forestiers dans les interrangs les plus larges.
Cette recomposition du paysage ne dénature pas le vignoble, bien au contraire : elle révèle ses contours, l’ancre dans le vivant et dans le temps long.
Une vision agroécologique partagée
La Bourgogne de demain est aussi une Bourgogne qui produit autrement : plus sobre, plus connectée à ses écosystèmes, plus durable.
L’introduction d’arbres s’intègre dans une logique agroécologique globale :
- Moins d’intrants chimiques,
- Plus de couverture des sols,
- Diversification des revenus (bois, fruits, miel),
- Création de microclimats favorables à la qualité des raisins.
Des domaines pionniers ont déjà franchi le pas, en intégrant l’arbre à leur système agricole de manière réfléchie et progressive.
Une dynamique collective et territoriale
Ce changement ne repose pas uniquement sur des initiatives isolées. Il s’inscrit dans une logique collective, soutenue par :
- Des syndicats viticoles ouverts à l’agroforesterie,
- Des collectivités engagées dans la transition paysagère,
- Des programmes d’aides à la plantation (MAEC, Plan Arbres, etc.),
- Des groupes de vignerons qui partagent leurs retours d’expérience.
Cette vision est aussi portée par la société civile : habitants, touristes, consommateurs attendent une viticulture plus respectueuse de l’environnement, sans renier ses traditions.
Et si la Bourgogne devenait un modèle de paysage vivant ?
En conjuguant son héritage viticole exceptionnel avec une dynamique de transition, la Bourgogne peut devenir une région vitrine de la cohabitation entre culture et nature.
- Une vigne de qualité, expressive, ancrée dans ses climats.
- Un paysage nourri de diversité, où les haies, arbres et lisières racontent une autre histoire.
- Un modèle d’agriculture du vivant, à la fois productif, esthétique et résilient.
La Bourgogne de demain ne sera pas seulement une terre de grands vins. Elle peut aussi devenir un territoire inspirant, où chaque pied de vigne pousse aux côtés d’un arbre, d’un oiseau, d’un sol vivant.
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