La Bourgogne, célèbre pour ses climats viticoles et ses grands crus, voit peu à peu se dessiner un nouveau paysage agricole. Sur certaines parcelles de vigne arrachées ou en marge des exploitations, de plus en plus de professionnels choisissent de planter des arbres. Qu’ils soient fruitiers, forestiers, ornementaux ou mellifères, ces arbres ne sont pas choisis au hasard. Leur implantation répond à des objectifs agronomiques, environnementaux et paysagers.
Mais alors, quels types d’arbres plante-t-on aujourd’hui en Bourgogne viticole, et pourquoi ? Voici un tour d’horizon.
Une sélection d’arbres adaptée au terroir bourguignon
La Bourgogne est composée de terroirs très variés : sols argilo-calcaires, expositions diverses, altitudes allant de la plaine à la moyenne montagne. Le choix des espèces plantées dépend donc de nombreux facteurs :
- La nature du sol (drainant, compact, pauvre ou riche),
- La topographie (pente, orientation),
- Le climat local (froid en hiver, sécheresse en été),
- L’objectif de la plantation (ombre, production, biodiversité…).
Les arbres choisis doivent donc être résistants, peu exigeants, et adaptés au contexte viticole.
Les fruitiers rustiques : pour valoriser le terroir et la biodiversité
Les arbres fruitiers sont souvent privilégiés pour leur valeur agronomique et culturelle. En Bourgogne, on retrouve notamment :
- Noyers : résilients, ils produisent à la fois des fruits et du bois de qualité. Leurs racines profondes structurent les sols.
- Cerisier de Montmorency : une variété traditionnelle, rustique et bien adaptée au climat local.
- Pommiers à cidre ou à couteau : parfois plantés en lisière de parcelles ou pour des usages familiaux.
- Poiriers de plein vent : notamment dans les zones plus fraîches ou humides.
- Cognassiers, pruniers, néfliers : peu exigeants, à intérêt patrimonial.
Ces fruitiers sont souvent choisis pour reconnecter la vigne à un paysage plus varié, tout en apportant des produits transformables ou vendables en circuit court.
Les arbres forestiers : pour l’ombrage, la structure et le bois
Dans une logique de résilience climatique et de diversification, certains professionnels plantent des arbres forestiers :
- Chênes pédonculés ou sessiles : espèces locales, très utiles pour la biodiversité et la production de bois à long terme.
- Tilleuls : intéressants pour leur ombrage et leur floraison mellifère.
- Aulnes, érables champêtres, frênes : arbres rustiques, utiles en haies brise-vent ou en bosquets.
Ces essences permettent de reconstruire une trame boisée en marge ou au sein des exploitations, participant à la régulation hydrique et thermique des parcelles.
Les arbres mellifères et refuges pour la faune
Pour favoriser la biodiversité fonctionnelle, certains arbres sont plantés spécifiquement pour attirer les pollinisateurs et les auxiliaires :
- Sorbier des oiseleurs : très résistant, apprécié des oiseaux.
- Aubépines, sureaux, prunelliers : arbustes utiles dans les haies champêtres.
- Amélanchiers, noisetiers : floraison précoce, intérêt pour les abeilles.
- Tilleuls, érables sycomores : floraisons abondantes et ombrage.
Ces plantations s’intègrent dans une approche agroécologique globale, visant à équilibrer les écosystèmes viticoles sans recourir à des intrants chimiques.
Le cas particulier des arbres d’alignement ou isolés
Dans certains projets, les arbres sont plantés en bordure de parcelle, en alignement ou en “arbres-totems” isolés. Leur rôle peut être :
- Paysager : redessiner la structure du vignoble, lui redonner de la profondeur et du rythme.
- Symbolique : arbres centenaires replantés pour marquer une transition ou une mémoire familiale.
- Pratique : repères visuels pour les rangs, abris pour les outils ou zones de repos.
Les essences choisies sont souvent robustes et de grande longévité : tilleuls, platanes, chênes ou érables.
Une attention croissante portée aux espèces locales
De plus en plus de projets privilégient des essences locales et adaptées, parfois anciennes ou oubliées.
Cela permet de :
- Favoriser la résilience naturelle des arbres,
- Préserver la mémoire végétale du territoire,
- Éviter l’introduction d’espèces invasives ou trop gourmandes en eau.
Des structures comme les CAUE ou l’Association Française d’Agroforesterie accompagnent les choix d’espèces selon les règles du “bon arbre, au bon endroit, pour le bon usage.”
Conclusion : l’arbre, nouveau compagnon de la vigne bourguignonne
Planter un arbre en Bourgogne viticole n’est pas un geste anodin. C’est réintroduire de la vie dans un paysage parfois trop homogène, c’est préparer le terrain à l’avenir, c’est aussi souvent raconter une nouvelle histoire de terroir.
Des fruitiers aux chênes majestueux, des haies champêtres aux arbres d’ombrage isolés, les arbres plantés dans le vignoble bourguignon viennent compléter, protéger et enrichir la culture de la vigne. Une cohabitation qui, loin d’être concurrente, devient complémentaire, harmonieuse et durable.